Pouvez-vous citer cinq artistes féminines ? Telle est la question posée il y’a quelques semaines par le Musée National des Femmes dans les Arts (Washington DC). Le but, mettre en lumière les inégalités de genre dans le monde artistique. Il est encore plus difficile de citer une figure noire dans le monde du ballet car celui-ci se distingue par un fonctionnement quasi clanique basé parfois sur des uses et coutumes d’un autre temps. Même si les choses bougent peu à peu, il est très rare de nos jours de voir une personne de couleur noire dans un corps de Ballet. C’est le sujet qu’a décidé d’aborder Eva Boiro, danseuse classique française, dans une série de photographies.
Née dans le sud de la France, Eva Boiro a découvert la danse classique par hasard avant d’intégrer à l’âge de 15 ans l’école nationale de danse de Marseille. Elle poursuit son aventure au sein du Rudra-Béjard School de Lausanne en Suisse. Deux années de cursus très intenses dans l’école du célèbre danseur et chorégraphe Maurice Béjart.
« Art Martial, chant, moderne, ballet. Ce fut 2 années intenses où j’ai eu la chance de danser en tournée avec le Béjart Ballet Lausanne « – Se rappelle-t-elle.
Elle va poursuivre son apprentissage en intégrant la Compañía Nacional de Danza 2 (Madrid ) sous la direction de Nacho Duato.
« Danser le répertoire de Nacho Duato était un rêve qui devenait réalité. Je suis immédiatement tombée amoureuse de son travail ». Elle poursuit : « C’est un genre de néo-classique qui collait parfaitement à ma personnalité ».
Désormais membre de la célèbre troupe du Roi Lion à Hambourg, Eva Boiro doit se produire huit fois par semaine. Une cadence infernale qui ne l’empêche pas de continuer à courir les auditions et à constater à quel point les mauvaises habitudes ont la peau dure dans le monde du ballet.
Sa série de photos réalisée avec Thomas Bünning raconte son désir d’assumer ses origines dans un univers normé qui laisse peu de place à la diversité.