Ce n’est un secret pour personne, les humains que nous sommes ont tendance à chercher le plus petit des dénominateurs différents pour discriminer et exclure. Les cheveux, la couleur de peau, la taille, le poids, le genre, tout est bon pour modeler la réalité aux angoisses ou aux peurs. Considéré comme le pays du métissage, le Brésil n’échappe toutefois pas aux même problématiques que les autres, le racisme – aussi surprenant que cela puisse paraître – fait partie du quotidien des noirs. C’est de cela dont a été victime l’actrice brésilienne Nayara Justino, déchue de sa couronne de reine de samba par la célèbre télévision brésilienne Globo.
Comme dans de nombreux pays de la planète, la peau noire au Brésil a toujours été sujette à de nombreux fantasmes qui deviennent très vite les points de départ de discriminations. Jugée tantôt impure, voire moins évoluée du panel des couleurs des habitants du pays, la peau noire a toujours eu pour vocation de disparaître comme sur ce célèbre tableau du peintre brésilien Modesto Brocos datant de 1895. Sur cette image, nous pouvons par exemple voir une grand mère fière que sa fille noire ait pu donner un enfant mulâtre à la famille. « Merci d’enlever la peau noire de la famille » – s’exclament encore aujourd’hui de nombreux brésiliens noirs.
C’est dans le contexte d’un Brésil schizophrène, fier de sa diversité ethnique en même temps « honteux » de sa population noire que Nayara Justino a décidé de concourir à Globeleza (Concours organisé par le célèbre média pour élire une reine de samba) . Les plus grandes chaînes nationales ont leur reine mais celle qui est élue par Globo TV est la plus populaire de toutes. Comme pour miss France, de nombreuses jeunes filles rêvent d’y participer pour s’ouvrir les portes du petit ou grand écran. Consciente que depuis sa création en 1990 qu’aucune femme noire n’a été élue, Nayara Justino décide de se lancer en 2014 et parvient à reporter le concours haut la main.
(Cliquez sur le bouton lecture de la vidéo pour voir la prestation finale de Nayara Justino)
L’annonce de sa victoire ne créée aucun émoi dans le pays jusqu’au moment où quelques mois plus tard, les premiers clips vidéos vont être diffusés sur la chaîne de télévision. Habitués à voir une reine de samba mulâtre sur leurs petits écrans, les brésiliens vont se déchaîner sur la toile, traitant la jeune femme entre autres de « singe qui n’a pas le droit de passer à la télévision ». Très rapidement, Nayara Justino va symboliser le danger de la fin d’un des clichés projetés vers le monde c’est à dire « la jeune fille très sexuée à la peau claire dansant la samba ». Quelques jours après les premières protestations, Nayara Justino sera déchue sans explications de la chaîne, remplacée par une reine de samba qui colle apparemment aux attentes des brésiliens.