São Paulo est la première destination des immigrants boliviens au Brésil avec une population qui est passée de 80 000 à 150 000 personnes en quelques années seulement. Dans les années 50, la plupart émigrent dans le pays pour des raisons éducatives, économiques et politiques. La grande vague d’immigration que connait la ville dans les années 80 est quant à elle composée de nombreux jeunes hommes et femmes qui poursuivaient la promesse d’un meilleur salaire. Au milieu des années 90, des quartiers de São Paulo comme Bom Retiro, Bras ou Pari connaissent une très forte concentration d’immigrés boliviens recevant de fait cette l’étiquette de « quartiers boliviens » de la part des Brésiliens.
Comme beaucoup de leurs compatriotes, les sœurs Llanque qui sont originaires de La Paz, ont émigré au Brésil pour travailler dans un atelier textile. Fatiguées par les conditions très dures de travail, elles décident de se lancer dans l’entrepreneuriat en créant leur propre atelier de couture pour avoir les moyens de faire venir leur mère restée au pays. Elles décident également d’être les porte-paroles de leur communauté en se lançant dans le hip-hop et en dénonçant les conditions d’existence des immigrés boliviens.
Jenny Llanque explique : « Nous sommes toutes les trois l’archétype même de l’immigrée bolivienne. Nous sommes passées par les ateliers clandestins, le travail en prison et pleins d’autres choses difficiles que vivent ceux d’entre nous qui viennent ici. Nous voulons à notre niveau contribuer à améliorer les conditions de vie de nos compatriotes même si nous savons évidement que notre marge de manœuvre est très faible ».
Celles qui ont été toutes les trois élevées par une mère célibataire militent également pour que les femmes s’affirment dans tous les domaines et prennent la place qui leur revient. La fierté d’être boliviennes, la condition des femmes et l’envie qu’elles ont de changer les choses leur donne une énergie et une authenticité rare qui vous captive. On ne sait pas où ça va les mener mais les filles de La Santa Mala ont des choses à dire…