Si certains ont découvert la chanteuse il y’a un an déjà avec la publication de ses vidéos sur internet, nous avons fait la connaissance de Kesley Lu en décembre dernier lors de son concert au Café d la Danse en première partie de Sampha.
Née en Caroline du Nord, Kesley a grandi dans la communauté des témoins de Jéhovah, relativement isolée du monde extérieur. Avec un père percussionniste, une mère pianiste et une grande sœur violoniste, Kesley se refuge naturellement dans la musique classique qu’elle apprend dès l’âge de 6 ans.
Rêveuse et pour éviter le destin classique des femmes de sa communauté, elle décide à 15 ans de se lancer dans une carrière de chanteuse. Les concours tremplins sont pour elle la première solution et raconte avoir informé sa mère de sa décision. Elle se souvient avoir dit qu’elle y participerait accompagnée de son violoncelle, ce qui avait laissé son entourage dubitatif. Il semblerait que Kesley ait eu du flair puisqu’elle forme désormais un genre de duo inséparable avec son instrument de musique.
Elle raconte d’ailleurs que le choix du violoncelle s’est fait lors de son premier cours de musique, attirée par cet instrument beau, massif, déposé dans un coin. Même si Kesley n’avait jamais pensé l’utiliser autrement que dans la musique classique, c’est lors de ses années collège qu’elle commence à travailler le mélange des genres et expérimenter des sonorités. Des sentiments qu’elle dit traumatisantes lors de son apprentissage et une découverte plus large de la culture pop vont pousser la chanteuse à changer définitivement d’univers musical.
Son premier EP intitulé Church sur lequel ont travaillé entre autres Dev Hynes et Solange, sorti en juillet 2016, a été salué par la critique. Minimaliste, intensément rétrospectif, ce projet résonne comme le dernier chapitre d’une histoire personnelle avec la religion. Élevée dans une famille Témoin de Jéhovah, l’artiste déclare souvent avoir décidé de quitter le foyer familial à 18 ans pour s’émanciper et éviter l’emprise de la secte sur sa vie. Même si, avec le recul de ses 26 ans, les églises évoquent désormais en elle des moments conviviaux partagés avec sa famille.