Né dans les années 50, le skate est avant tout un sport pratiqué par des surfeurs californiens qui avaient le besoin pressant de ramener dans leurs vies quotidiennes les sensations de glisse ressenties en ridant les vagues du pacifique. Depuis la création du premier skate dans les années 50, sa pratique a toujours subi des hauts et des bas. Ce n’est qu’en 1975 qu’il va vivre un tournant historique lorsque les Z-Boys – une bande de surfeurs de Venice Beach – va s’emparer de la petite planche pour surfer l’asphalte et développer les premiers tricks (1978, le Ollie du nom de son géniteur est le premier). Le moyen de se mouvoir dans la ville devient de plus en plus un sport de compétition qui nécessite de la technique et des figures de style. Le nombre d’adeptes est croissant et le skate remplit parfaitement son cahier des charges. Mais comme d’habitude, le petit frère du surf souffre de l’image très vendeuse de son grand frère. Le grand blanc cool sortant de l’océan abdominaux apparents fait rêver les adolescentes du monde entier dans les 80 et le début des années 90. Les publicitaires savent vendre le rêve américain et le surf va contribuer à forger les imaginaires sur le rêve californien.
Dur pour le skate d’exister aux côtés d’un frère si parfait, présent et admiré. Il faut également dire que la pratique du skate dans la vie de tous les jours surtout en milieu urbain connaît des problèmes de cohabitation avec une population qui se dit agacée par ces jeunes qui filent à toute allure sur les trottoirs évitant à peine de renverser des passants. Le skate se construit alors une image subversive.
Détesté par les parents pour sa dangerosité , adoré par les adolescents pour la même raison, le skate va se trouver un allié de poids à la fin des années 80 : la musique punk. Grâce à lui, il va passer de sport loisir à quelque chose de plus grand. Des groupes dits de skate-punk vont naître de cette union, les Big Boys du Texas ou les JFA de l’Arizona sont considérés comme les premiers du genre. Leur héritage se perpétue encore de nos jours avec des groupes comme The Offspring, Blink-182 ou encore Sum 41. L’image du skateur antisocial sera entre autres personnifié par Telly dans le célèbre film de Larry clark, Kids (Un portrait sans concession de la jeunesse des 90’s). Pendant ces mêmes années, la culture skate connaît l’une si ce n’est sa plus belle époque. En 1994 la chaîne américaine ESPN lance les X-games, ce qui inscrit définitivement la discipline sportive dans le paysage audiovisuel mondial. C’est également ce qui va marquer les débuts de la fin de son image subversif. Les musiciens de skate-punk entrent en bonne position dans les charts du monde entier, les marquent récupèrent le phénomène pour en faire un élément de tendance. On est au début des années 2000.
Mais que reste-il vraiment de la culture jeune, punk et subversive qui faisait tant peur aux parents ? Nous avons fait le tour des skatepark parisiens pour discuter avec les nouveaux riders et il semblerait qu’après avoir réussit à installer ses codes dans la culture populaire, la pratique même du skate reste soumise aux installations réglementés que décident d’installer les pouvoirs publics. Fini les rides de ses débuts dans des piscines vides, dans les coins les plus escamotés de nos villes, les nouveaux skateurs jouissent de formidables spots mis à leur disposition. La culture skate s’est visiblement débarrassée de son côté punk s’associant avec réussite à d’autres courants comme le hip-hop ou la pop. Elle peut également se vivre toute seule. Comme son grand frère le surf, le skate a pris de l’âge et a fini par se ranger comme un bon père des familles.