La reprise d’un classique est toujours un pari risqué, surtout lorsqu’il s’agit d’un morceau aussi emblématique que « Teardrop » de Massive Attack. Pourtant, Michelle Zheng, alias Lunar Noon, relève le défi avec une subtilité qui honore l’original tout en y insufflant une sensibilité nouvelle. Connue pour son premier album Symbolic Creature, où elle avait déjà démontré sa capacité à mêler la douceur de la nature à des paysages sonores complexes, Zheng nous offre ici une version de « Teardrop » aussi méditative que minimaliste.
Dès les premières notes, on comprend que cette reprise ne cherche pas à rivaliser avec l’original mais à explorer ses nuances sous un angle différent. Là où Massive Attack imposait une rythmique hypnotique, Lunar Noon opte pour une approche plus épurée. Le piano, la basse, et le quatuor à cordes se répondent avec délicatesse, créant un espace sonore où la voix éthérée de Zheng peut s’épanouir. Ce choix d’arrangement, pensé pour mettre en valeur la texture de chaque instrument, révèle une compréhension profonde de la matière musicale de « Teardrop ». Le résultat est une version plus introspective, presque cinématographique, qui résonne avec une étrange familiarité.
En réinterprétant ce morceau, Lunar Noon ne se contente pas de rendre hommage à l’œuvre originale. Elle la revisite en suivant une logique propre à son univers artistique, où chaque note semble peser de tout son poids émotionnel. On perçoit dans cette reprise l’influence marquante d’Elizabeth Fraser, la voix emblématique de l’originale, mais aussi l’apport personnel de Zheng, qui parvient à transcender l’œuvre en y insufflant sa propre identité sonore.
Cette reprise est bien plus qu’un simple hommage : c’est une redécouverte intime et introspective d’un morceau légendaire, menée par une artiste qui s’impose, discrètement mais sûrement, comme une figure montante de la scène musicale alternative.

