Certaines chansons ne se contentent pas d’être écoutées, elles s’imposent comme une nécessité. Shamanic Faith, le dernier titre de Ripsime, s’inscrit dans cette urgence, celle de traduire en musique des émotions brûlantes, brutes, viscérales. Entre électro indie et ballade introspective, l’artiste y déploie une sincérité à fleur de peau, portée par une production à la fois granuleuse et envoûtante.
Dès l’introduction, les boucles de batterie texturées, façonnées par des machines Akai et Elektron, imposent un rythme mécanique et organique, soutenu par une basse live qui vibre comme un battement de cœur. Les accords de guitare acoustique se mêlent aux nappes synthétiques, créant une atmosphère à la fois aérienne et tourmentée. Un contraste puissant qui sert d’écrin à une voix empreinte d’un mélange de colère et de douceur résignée.
Mais au-delà de sa construction sonore soignée, Shamanic Faith est avant tout une confession, une réflexion sur la perte et la manière dont elle est perçue par ceux qui ne la vivent pas. « They wanna know who you lost », lâche Ripsime, dénonçant cette curiosité froide et distante, ce voyeurisme émotionnel qui transforme la douleur en simple sujet de conversation. Marquée par l’épreuve et le manque de réelle compréhension, l’artiste interroge ce qu’il reste de la foi quand tout semble vaciller.
Une chanson poignante, cathartique, qui capte la complexité du deuil et de la résilience avec une intensité rare.