L’ambient a toujours été un terrain propice aux explorations sonores, mais avec Drifting Intervals, De Moi pousse l’expérience encore plus loin. Vojtech Vesely, l’artiste tchèque derrière ce projet, s’inscrit dans la lignée des grands architectes du son tels que William Basinski et Terry Riley, en manipulant le temps et l’espace à travers des boucles de bande en décomposition et une réverbération abyssale.
Dès les premières secondes, l’album s’installe comme une onde infinie, un flux qui ne semble ni commencer ni finir. Inspiré par le Deep Listening de Pauline Oliveros, Vesely imagine un écho artificiel qui semble résonner dans un espace imaginaire de plusieurs kilomètres. Chaque note, chaque intervalle, se fond dans un tout plus vaste, créant une masse sonore mouvante où les frontières entre les sons s’estompent. À l’image des Disintegration Loops de Basinski, ici, la musique se délite, mais sans s’effacer totalement : elle se transforme, s’étire et renaît sous d’autres formes.
Loin d’un simple exercice de style, Drifting Intervals est une plongée méditative qui captive par sa profondeur. Il n’y a pas de climax, pas de progression narrative classique, mais plutôt une immersion totale dans un courant harmonique en constante mutation. L’auditeur est invité à se perdre dans cet océan sonore, à lâcher prise face à l’écoulement du temps.
Ce disque s’adresse aux amateurs de textures hypnotiques et de paysages sonores contemplatifs. Une œuvre qui ne se raconte pas, mais qui se vit, où chaque écoute révèle une facette différente. Avec Drifting Intervals, De Moi ne se contente pas de composer un album : il sculpte le silence et le mouvement dans un ballet sonore aussi insaisissable que fascinant. Restez à l’affût pour écouter enfin ce projet de qualité.