Il y a des chansons qui ne crient pas mais qui résonnent. Avec oblivious, la chanteuse italienne georgia, georgia—alias Giorgia Piva—offre un moment suspendu, tout en retenue, où la fragilité devient force. Née à Vérone, cette Scorpionne autodidacte s’est taillée un chemin dans l’écriture comme on cherche une échappatoire : sincère, brutale, nécessaire.
Son nom, répété comme un écho, est un clin d’œil appuyé à Phoebe Bridgers, l’une de ses inspirations majeures. Et cela s’entend. Les arrangements vaporeux, les guitares en apesanteur, cette manière de susurrer les mots comme on confie un secret… oblivious s’inscrit dans la lignée d’une génération indie-folk qui choisit l’introspection plutôt que le spectaculaire. On y devine aussi les empreintes de boygenius, Clairo, voire l’élégance feutrée de The 1975.
Mais derrière la douceur, le propos est rugueux. oblivious, c’est le récit d’un paradoxe : savoir ce qu’il faut faire pour aller mieux, mais trébucher malgré tout. Giorgia chante ce moment fragile où une relation débute, avec ses doutes, ses non-dits, et cette sensation d’être vue sans être vraiment comprise. Elle tente d’apparaître solide, mais confesse une solitude muette.
Il y a chez georgia, georgia une urgence tranquille, une sincérité qui ne joue pas les effets de manche. oblivious est de ces morceaux qui accompagnent, qui touchent sans heurter, et qui rappellent que se comprendre ne signifie pas toujours savoir avancer. Une entrée en matière précieuse pour une artiste à suivre de très près.