Il y a des morceaux qui ne cherchent pas à faire du bruit, mais à créer une brume. « Smoke », le dernier single du producteur italien Mouth Water, s’inscrit dans cette veine subtile, vaporeuse, presque fantomatique. Sorti le 4 avril chez Through The Void Records, le titre s’écoute comme on traverse un souvenir : doucement flou, intensément présent.
Derrière ce nom évocateur, Smoke raconte l’histoire d’une femme en cavale, valise pleine de fumée à la main — métaphore d’un passé indélébile. “C’est un hymne à la liberté, mais aussi une réflexion amère : aujourd’hui, on ne peut plus vraiment disparaître”, confie Mouth Water. Le décor est planté : un récit de fuite intérieure, une errance douce portée par une production tout en nuance.
À l’écoute, les couches de synthés s’empilent comme des voiles. Les percussions mid-tempo marquent un rythme feutré, presque suspendu. Les voix, effleurées d’effets, flottent comme des pensées qu’on n’arrive pas à chasser. Mouth Water façonne ici une ambiance en clair-obscur, quelque part entre M83 et Beach House, où la mélancolie ne s’oppose pas à l’élan, mais l’alimente.
Smoke ne cherche pas le refrain accrocheur ni l’explosion cathartique. Il préfère la suggestion, l’évasion en filigrane. Une pièce aérienne pour celles et ceux qui aiment que la musique laisse des traces sans jamais appuyer. Un son pour les insomnies élégantes.