Avec House by the Lake, Kristjan Ruus livre bien plus qu’un simple instrumental : il signe une lettre intime, une capsule de mémoire transformée en musique. Premier épisode de sa nouvelle série Listening to my own music, ce morceau piano aux contours délicats s’écoute comme on feuillette un album photo, à la lisière du songe et du réel. Ruus y explore ses propres souvenirs, ceux d’un petit garçon qui rentrait de l’école en longeant une marina, où son grand-père travaillait.
Assis dans une cabane verte, un sandwich à la main et un thermos de thé Earl Grey à portée de lèvres, le jeune Kristjan trouvait là un refuge simple, tendre, hors du temps. Ce sont ces instants d’enfance, baignés de lumière douce et de gestes familiers, que le compositeur transpose aujourd’hui dans une pièce épurée, sans un mot, mais riche d’émotions. La profondeur du piano épouse ici le silence de l’absence : celle d’un grand-père disparu en 2020, auquel ce morceau semble tout naturellement dédié.
Dans la vidéo, tournée dans un lieu qui résonne de souvenirs personnels, l’artiste est allongé, immobile, dans l’herbe, à quelques mètres de l’eau. Le vert domine, comme une réminiscence visuelle de l’enfance. Aucun effet superflu : juste un corps, une nature paisible, et la musique comme fil conducteur entre passé et présent.
Avec House by the Lake, Kristjan Ruus offre un moment suspendu, une œuvre sans paroles mais pleine de sens, où le piano se fait confident. Une maison de notes pour accueillir les souvenirs. Un refuge musical, à l’image de ceux que l’on garde en soi toute une vie.