Sous un ciel de Cleveland, Mourning [A] Blkstar continue de faire danser les spectres du passé et les rêves du futur. Avec Let ’Em Eat, nouveau single annonciateur de leur huitième album Flowers of The Living prévu pour le 16 mai chez Don Giovanni, le collectif afrofuturiste signe un titre hybride, à la croisée des chemins entre soul, spoken word et hip-hop déviant.
Dès les premières mesures, LaToya Kent et James Longs installent une atmosphère en suspension, construite sur une boucle improvisée. Fidèle à leur processus de création live, le morceau vibre d’une urgence maîtrisée. La voix devient manifeste : Let ’Em Eat parle de résilience, de persistance, de ces combats quotidiens qu’on mène loin des projecteurs. “Il s’agit de reconnaître le parcours, le temps investi, sans se laisser parasiter par le bruit du monde”, confie Kent. Une philosophie de l’endurance qui résonne fort.
Mais le morceau ne se contente pas de rassurer. Il bascule. Subitement, une fracture sonore ouvre l’espace : Fatboi Sharif s’y engouffre avec un couplet dense, halluciné, presque surréaliste. Ce changement brutal agit comme une prise de pouvoir, un geste artistique qui défie la linéarité et les formats.
Réalisé par l’artiste visuel Humanoire, le clip prolonge cette esthétique de l’oxymore : entre lumière et chaos, entre révolte et poésie. Mourning [A] Blkstar ne cherche pas à plaire — ils cherchent à dire. Et dans Let ’Em Eat, ils le disent haut, fort, et avec une rare élégance.