C’est dans une conversation sans filet qu’Ari Joshua poursuit sa quête sonore avec « Blurry Face », nouveau titre enregistré aux côtés de deux légendes de l’improvisation jazz : John Medeski et Billy Martin, piliers du trio Medeski Martin & Wood. À la croisée du jazz psychédélique, du rock expérimental et d’un groove sous tension, ce morceau s’apparente à une jam session savamment contrôlée où chaque instrument respire avec l’autre.
La guitare de Joshua, saturée et charnue, ose l’excès sans jamais perdre en précision. Une matière dense, presque tactile, qui se frotte au jeu de Medeski, entre éclats de clavinet et nappes d’orgue tourbillonnantes. Billy Martin, en alchimiste du rythme, pose un tempo à la fois tribal et mouvant, comme une colonne vertébrale faite de souplesse.
« Blurry Face » n’est pas qu’un exercice de style ou une démonstration de virtuosité. C’est une œuvre-pont, un morceau qui parle de confiance, de regard flou mais lucide sur le monde, dans lequel l’improvisation devient une forme de langage intime. Joshua ne cache rien de ses influences – du jazz progressif aux éclats de rock cosmique – mais les transforme en quelque chose d’inédit.
À travers cette pièce, le guitariste confirme un peu plus sa place parmi ceux qui redessinent les contours de la musique improvisée. Une trajectoire qu’on suivra de très près, tant elle semble portée par un souffle libre et profondément humain.