Chronique après chronique, on guette les artistes capables de faire le pont entre les continents, les styles et les émotions. Avec Ényì, Echezona réussit exactement cela. L’artiste américano-nigérian, installé à Boston, livre un album dense et lumineux, forgé dans l’intimité du studio de JPRiZM. Le titre, qui signifie « ami » en igbo, donne le ton : Ényì est une œuvre façonnée par la chaleur humaine, le lien, l’élévation.
Dès les premières notes d’ »Amazing » ou de « Stick Around », la couleur est donnée : ça danse, ça respire l’afrobeat et la bonne humeur. Mais très vite, Echezona nuance, creuse, introspecte. « Truthfully », « Flaws » ou encore « High Time » suspendent le rythme, laissent entrer la vulnérabilité et l’auto-questionnement. Il y a dans ces morceaux un équilibre entre la fête et la lucidité, entre la fierté des origines et le doute de soi.
Au fil des neuf titres, l’artiste alterne storytelling (« Evolve »), rap frontal (« Locked In ») et élans mélodiques. La palette est vaste, mais l’album reste cohérent, tenu par cette envie d’aller à la rencontre de l’autre tout en se retrouvant soi-même. Echezona ne copie personne : il bâtit son propre espace, à la croisée des cultures, des genres, des cœurs battants.
Ényì n’est pas seulement un album, c’est une conversation sincère, une accolade musicale. Et comme toute vraie accolade, elle réconforte autant qu’elle réveille.