Derrière ce titre à rallonge, clin d’œil assumé à l’ironie post-moderne, Freidrich$ dévoile bien plus qu’un simple assemblage de morceaux. A Heartbreaking Album of Staggering Genius, c’est la rencontre entre deux EPs fusionnés en un voyage de 14 titres, porté par une écriture musicale à la fois sensible et audacieusement aérienne. Une œuvre dense et personnelle, signée par un artiste alternatif R&B/trap qui semble ici avoir trouvé sa pleine voix.
Dès les premières secondes de “Fucked Up Guy” (prod. by Dяєαмƶ), le ton est donné. Beat épuré, flow coulé dans la nonchalance, ambiance cotonneuse… Freidrich$ tisse un univers qui respire le lâcher-prise et l’introspection. La composition, simple en surface, se révèle d’une efficacité rare, laissant place à une sensation de flottaison qui traverse tout l’album.
Plus loin, “Another World” bifurque vers des influences pop. Toujours produit par Dяєαмƶ, ce single apporte des guitares chaleureuses et une batterie pleine d’entrain. La voix, elle, reste fidèle à son ADN : posée, quasi détachée, comme si elle survolait la production. On pense parfois à Kurt Cobain, pas dans le timbre, mais dans l’attitude.
Autre temps fort, “Grey” (prod. by despondent0ne), titre pop qui joue la carte de l’accessibilité. Sa construction limpide et ses mélodies familières parlent à l’instinct. On y retrouve cette capacité qu’a Freidrich$ à capturer des émotions diffuses, à mi-chemin entre douceur et mélancolie.
Mais c’est “Match, Waltz #4” qui suspend véritablement le temps. Laissant s’exprimer de sublimes accords de piano, Freidrich$ s’efface pour mieux se révéler dans une ballade où chaque respiration semble pesée, chaque inflexion chantée, ressentie.
Enfin, “Like Copeland” (prod. by RRAREBEAR x Dяєαмƶ) vient clore ce voyage avec une grâce presque orchestrale. Ballade R&B aux textures riches, le morceau se déploie lentement, comme une dernière caresse avant le silence.
Avec A Heartbreaking Album of Staggering Genius, Freidrich$ signe un projet à la fois cohérent et sensoriel. Un album qui frappe par son honnêteté, sa maîtrise des ambiances et son refus de toute précipitation. Une œuvre à écouter d’une traite, les yeux fermés.