Il y a des morceaux qui ne cherchent pas la lumière mais l’enlacent doucement, comme un clair-obscur savamment composé. « Singing Tree Forest », dévoilé par The Paradise Riflebirds, appartient à cette lignée rare de chansons qui avancent à pas feutrés, avec une densité presque organique. Le collectif australo-écossais fait ici un pas de géant en direction d’un son qu’il qualifie lui-même de « polyphonic steamroller » – rouleau compresseur polyphonique. Et pour une fois, la formule n’est pas galvaudée.
Pas de fioritures ici, mais une construction patiente : des guitares Telecaster qui s’entrelacent, parfois à deux, parfois à trois, au gré d’un rythme martial qui semble mener une procession. La basse glisse, l’accordéon français s’invite à contretemps, et la tension monte sans jamais céder à l’éclat. C’est une lente gravité, sans explosion. Un doom sans distorsion. Un paysage sonore qui se déploie comme un travelling sur un décor brumeux.
« Je déteste employer ce mot, mais c’est très cinématographique », confie le guitariste Simon J. Difficile de lui donner tort. On pense à une marche dans une forêt mythique, entre cauchemar et songe lucide. Le morceau, extrait d’un album à venir encore sans titre, révèle un groupe plus audacieux, plus texturé que jamais.
The Paradise Riflebirds ne font pas que jouer – ils composent des scènes, et “Singing Tree Forest” en est une d’une rare intensité.