Au croisement d’un jazz-hop soyeux et d’un boom-bap introspectif, Brandon Mitchell livre avec “TGBNU” un moment suspendu, entre souffle et sagesse. Issu de son dernier projet Gametime, ce titre se distingue par sa retenue, sa chaleur et une sincérité presque palpable.
Dès les premières secondes, une rythmique feutrée installe le décor. Les drums claquent doucement, les nappes s’élèvent avec parcimonie, et l’on sent, derrière chaque choix sonore, un goût pour l’équilibre. Ni démonstration, ni clinquant. “TGBNU” s’écoute comme une confidence. Mitchell y déploie un flow posé, au phrasé clair, presque méditatif. On pense à ces rappeurs qui n’élèvent jamais la voix, mais qui laissent leurs mots percer avec calme, comme s’ils étaient déjà assurés d’avoir été entendus.
Le refrain chanté, sobre et aérien, glisse sur l’instru comme une brise tiède sur une fin d’après-midi. Il n’a rien d’un gimmick : il incarne ce lien fragile entre la solitude et le collectif, entre le “nous” espéré et le “je” nécessaire. “Together Grown, But Never United” : le titre dit tout. Un constat lucide, mais non résigné. Un espoir, peut-être.
Brandon Mitchell ne cherche pas le coup d’éclat. Il trace sa route avec patience, à contre-courant du vacarme. Et c’est peut-être là que réside sa force : dans cette manière d’habiter le silence, de faire du hip-hop un espace de respiration. Avec “TGBNU”, il nous tend un miroir — pas pour s’y admirer, mais pour mieux s’y reconnaître.