Il y a des morceaux qui claquent comme une gifle en pleine ruelle de Londres, et « Better Late Than Never » en fait partie. Christopha, MC ancré dans la scène grime britannique, signe ici une démonstration aussi acérée que précise. Dans ce titre au nom évocateur, il ne s’excuse pas d’arriver maintenant : il annonce simplement qu’il est prêt à prendre ce qui lui revient.
Dès les premières mesures, le beat impose sa cadence — sec, millimétré, tendu comme une ligne de basse au cordeau. Le grime ici n’est pas un décor, c’est l’ossature même du morceau. Le beat, chargé de tensions sourdes, laisse assez d’espace pour que le flow de Christopha fuse sans accrocs. Et c’est là que l’artiste frappe fort : pas de remplissage, pas de détour. Juste des vers qui tranchent, portés par un phrasé qui varie sans cesse, entre syncopes nerveuses et envolées plus posées.
Mais au-delà du rythme, c’est la maîtrise technique qui interpelle. Punchlines, allitérations, changements de cadence : chaque couplet semble pensé comme un exercice de style où le MC réaffirme qu’il est plus que prêt. Il ne s’agit pas simplement de rapper, mais de prendre la parole dans un univers où seuls les plus affûtés survivent.
Avec « Better Late Than Never », Christopha ne se contente pas d’ajouter une ligne à sa discographie. Il pose une déclaration, presque une profession de foi : le grime, il ne le subit pas, il le façonne.