Avec “Cuticles”, Marzoña ne parle pas d’un amour en majuscules, mais de ses marges. Un échange, une remarque presque anodine — sur l’état de ses cuticules — devient le point de départ d’un morceau à la fois pudique et poignant. Ce détail, pourtant minuscule, résume à lui seul la profondeur d’une relation qui n’a pas survécu, mais dont les traces persistent à fleur de peau.
Deuxième extrait de la série Love Songs For Colder Weather, “Cuticles” s’inscrit dans une veine douce-amère. L’instrumentation, empreinte de textures latines et de bossa nova feutrée, accompagne une écriture fine, centrée sur les gestes — les mains, les doigts, ce qui s’effleure plus qu’il ne s’explique. Marzoña y glisse le regret d’une histoire qui n’a pas trouvé son épilogue, tout en célébrant la beauté de ce qui a été partagé, même brièvement.
La montée musicale, discrète mais émotive, conduit à un sommet tout en frisson, là où d’autres choisiraient la démesure. Ici, l’émotion ne déborde pas : elle circule en filigrane, dans les silences entre les mots, dans ce que la voix ne dit qu’à moitié.
“Cuticles” ne cherche pas à briller. Il s’infiltre doucement, comme un souvenir précis qui revient sans prévenir, et reste.