Derrière le pseudo faussement glamour de supermodel se cache Frankie Beanie, un producteur né en Virginie, poli par les scènes punk de la côte Est, trempé dans les clubs de Liverpool et désormais posé à Los Angeles. Avec i used to live in england, Beanie balance une capsule sonore pleine d’ironie douce et de souvenirs acidulés, comme un journal intime qu’on aurait griffonné dans le coin d’une nappe tachée de ketchup dans un Wetherspoons.
La voix, décontractée à l’extrême, déroule un spoken word à l’humour pince-sans-rire, à mi-chemin entre confession jet-laguée et stand-up mélancolique. On y croise les fameuses « meal deals » de supermarché, des anecdotes sur The 1975, une météo déprimante comme un lundi à Manchester… et un amour sincère, enfoui sous les blagues, pour une Angleterre un peu bancale mais inoubliable.
Musicalement, le morceau joue la carte de la retenue : beat minimal, lignes de synthé groovy, un rythme qui fait hocher la tête sans l’écraser. C’est dans l’économie que réside son charme — pas besoin d’artifices quand le texte porte autant de vécu.
supermodel* ne cherche pas le tube, mais l’empreinte. Il ne reconstruit pas son passé : il le remix, à sa manière, entre les souvenirs sincères et les piques bien senties. Le résultat ? Une pièce hybride, subtile et personnelle, qui traverse les genres comme l’auteur a traversé les fuseaux horaires.