Certains morceaux s’imposent comme des refuges, des havres sonores où l’on retourne presque instinctivement. « Big Jet Plane », signé Angus and Julia Stone, en fait partie. Tiphanie Doucet, avec son élégance discrète, choisit de le revisiter en profondeur, sans le trahir, et réussit le pari délicat de la réinvention sensible.
Sa version est un souffle. Plus solaire, plus pop, elle garde l’âme rêveuse de l’original tout en y injectant une légèreté moderne, presque balnéaire. L’arrangement, chic et groovy, évoque les textures chaleureuses de la pop française nouvelle génération — quelque part entre Juliette Armanet et Pomme — avec ce soupçon d’élan nostalgique qui colle à la peau.
La voix de Tiphanie, tout en retenue et en douceur, n’impose rien : elle effleure. On sent chez elle le soin porté aux détails, la capacité à créer une atmosphère d’épure où chaque note compte. Son interprétation se déploie comme une confidence murmurée sur le tarmac d’un départ improvisé.
Tiphanie Doucet confirme ici son talent pour façonner des instants suspendus, des bulles de pop organique où le voyage commence les yeux fermés. Une reprise qui n’imite pas, mais qui redessine — à la main, à cœur ouvert.

