« Mirror Mime », deuxième single du projet Mad Bad World, s’impose comme un morceau qui saisit dès les premières secondes. C’est brut, sinueux, résolument imprévisible. Derrière cette entité au nom évocateur se tient Matt Battle, multi-instrumentiste originaire de Rochester, ayant roulé sa bosse entre les scènes de Los Angeles et New York avant de se réinventer en solo.
On l’a connu batteur pour le groupe Chicano Batman, mais c’est en architecte sonore que Battle se révèle ici. Sa musique est un patchwork émotionnel : des percussions décalées mais percutantes, des nappes électroniques lo-fi, des guitares abrasives et une voix un brin distante, comme noyée dans l’écho d’un miroir brisé.
« Mirror Mime » raconte un face-à-face silencieux avec soi-même. Un mime prisonnier de son reflet, figé dans une boucle introspective où chaque geste semble rejouer un souvenir ou un regret. Le morceau navigue entre tension et relâchement, sans jamais céder au linéaire. C’est une traversée, une dérive maîtrisée.
Matt Battle signe ici un titre à la fois viscéral et cérébral, où l’instinct l’emporte sur la perfection. La production, volontairement rugueuse, refuse le polissage au profit d’une vérité sonore plus organique. Une esthétique du bord du gouffre qui, paradoxalement, attire et captive.
Avec « Mirror Mime », Mad Bad World donne à entendre une vision. Fragile, troublante, profondément humaine.

