Dans le paysage foisonnant du rock progressif américain, Belling The Tiger trace sa propre route, loin du vacarme, portée par une sincérité à fleur de peau. Avec Let the Rain, leur nouvel EP, le quatuor de Detroit signe une œuvre organique, où chaque morceau semble posé comme une pièce d’un puzzle émotionnel — intime, pudique, viscéral.
Le voyage débute avec Dream Bear, morceau inaugural où plane la figure d’un protecteur imaginaire. L’ours du rêve ne rugit pas, il apaise. Il incarne la possibilité d’un pardon intérieur, celui qu’on attend trop souvent des autres mais qu’on finit, parfois, par s’accorder à soi-même.
Puis vient Devil’s Lure, brûlure lente qui scrute les pièges du sabotage personnel. Pas de détour ici : le texte fait face, assume l’obscur, et le groupe l’enveloppe d’une tension sobre mais palpable. C’est cru, c’est beau.
Le titre éponyme, Let the Rain, agit comme une libération. Il ne cherche ni réponse ni apaisement, juste un abandon salutaire. Laisser la pluie effacer, non pas les traces, mais le besoin même d’expliquer. L’émotion est là, nue, sans défense.
In My Dreams, enfin, referme la parenthèse. On y entrevoit un monde sans peur, où les liens se tissent sans effort. Un rêve ? Peut-être. Mais le murmure de Belling The Tiger donne envie d’y croire, ne serait-ce qu’un instant.