Certains morceaux n’ont pas besoin d’être expliqués pour bouleverser. “Trigger”, nouveau titre de la chanteuse néerlando-surinamaise néomí, s’impose dans cette catégorie rare où la sincérité prime sur les artifices. À peine lancé, le morceau enveloppe l’auditeur dans une atmosphère feutrée, presque suspendue, où la douleur se décline sans grandiloquence.
Après les très remarqués “Do You Want To Be Honest?” et “It’s Never Easy (Leaving Someone Behind)”, néomí poursuit le fil fragile de son EP Another Year Will Pass avec un morceau d’une tendresse désarmante. Voix épurée, guitare en retrait, respiration lente : tout ici semble retenu, comme si la chanson elle-même hésitait à se livrer tout à fait. Et pourtant, tout est dit.
“Trigger” explore ce moment précis où l’on aime encore, mais où l’on sait déjà que l’histoire touche à sa fin. Un amour qu’on ne peut pas garder, même si chaque fibre de soi y reste attachée. Elle ne chante pas la rupture, mais l’avant, cet entre-deux douloureux où l’on prépare son cœur à l’inévitable. “Rester ou partir, dans les deux cas ça fera mal”, confie-t-elle — et cette phrase résonne comme un leitmotiv intérieur.
Récemment nommée au Zilveren Notenkraker, néomí ne cherche pas à briller. Elle préfère murmurer là où tant crient, et c’est justement ce qui la rend indispensable.