Il fait froid chez Drake. Très froid. L’artiste canadien ouvre un nouveau chapitre glacial — littéralement — avec « What Did I Miss? », un titre sombre et incisif présenté dans un entrepôt frigorifié, marquant le coup d’envoi de ce qu’il nomme l’ère Iceman. Si la mise en scène intrigue, c’est surtout le texte qui retient l’attention. Et cette fois, ce ne sont ni les charts ni les clashs qui sont en ligne de mire, mais l’entourage. Les proches. Les absents.
Dès les premières mesures, Drake dépose les gants.
« I don’t give a f— if you love me… How can some people I love hang around pussies who try me? »
Le ton est donné. Dans la foulée du bras de fer avec Kendrick Lamar, il semble faire le bilan non pas de la bataille en elle-même, mais de ceux qui ont choisi de regarder ailleurs. Des noms ne sont pas cités, mais les allusions sont trop précises pour être floues : on pense aux artistes et figures publiques aperçus au Pop Out, événement organisé par Lamar à Los Angeles, où certains visages familiers de la scène rap et NBA brillaient… d’un soutien inattendu.
Ce morceau n’est pas une diss-track au sens classique. Il s’agit plutôt d’une confession sur fond de méfiance. La production, froide mais élégante, épouse cette ambiance désabusée. Drake n’élève pas la voix. Il expose, il observe, il questionne. Une forme de lucidité amère, mais posée.
Et puis il y a cette phrase qui claque comme une gifle :
« I saw bro went to Pop Out with them but been dick-riding gang since ‘Headlines’. »
La trahison n’est pas bruyante, elle est silencieuse. Et c’est bien ce silence qui semble l’avoir le plus blessé.
Avec « What Did I Miss? », Drake signe un retour en solo plus intime qu’il n’y paraît. Moins combatif que dans ses précédents tirs verbaux, mais sans doute plus personnel, plus proche d’un journal de bord que d’un pamphlet. Et si l’ère Iceman s’annonce polaire, elle pourrait surtout être l’occasion pour lui de décanter le bruit, et recentrer sa voix.