Avec « Lemon », bat zoo signe un morceau à part, suspendu entre passé brûlant et futur éclaté. Le titre ne se contente pas d’emprunter à la soul ses contours familiers ; il les distord, les habite, les projette dans un univers où les émotions débordent les formes.
Né d’un été introspectif et solitaire, « Lemon » a été conçu comme une catharsis. Guitares déformées, basses profondes, synthés crépusculaires : chaque son semble venir d’un endroit intime, mais retravaillé jusqu’à frôler l’abstraction. Le morceau ne cherche pas l’évidence, il préfère le trouble. Il monte, redescend, hésite, puis s’élance à nouveau. Pas de refrain accrocheur, pas de climax tonitruant. Juste une tension continue, vibrante, presque charnelle.
Au centre de tout, la voix. Celle de bat zoo, vulnérable et incandescente, qui module la peine avec une précision déconcertante. Lorsqu’il lance « don’t make me feel like I don’t need your love », ce n’est pas une ligne de texte : c’est un cri doux, comme étouffé sous des couches de réverbérations et de doutes.
Lemon n’est ni rétro ni futuriste. C’est un élan, une faille, une vision. Et surtout, la promesse d’un artiste à la sincérité rare.