Certains albums s’écoutent comme on lit un roman : avec lenteur, attention et une forme de respect silencieux. Longyear, signé Great Horned Owl — alias Vanderson Langjahr — est de cette trempe. Sorti le 13 juin 2025, ce disque est une immersion dans les paysages brumeux du Pacifique Nord-Ouest, où chaque morceau semble capturer une émotion suspendue.
Dès “Skyline Divide”, l’auditeur est enveloppé par une atmosphère cinématographique, portée par le dulcimer et des textures électroniques feutrées. Langjahr joue de tous les instruments, et cela s’entend : chaque son semble choisi avec soin, chaque silence a du poids. “Sadie, Where Are We Now?” impressionne par sa richesse sonore — près de cinquante couches, toutes enregistrées sans samples, pour un résultat organique et vibrant.
L’influence de Marissa Nadler, qui a accompagné Langjahr dans l’écriture, se ressent dans la rigueur poétique et l’évitement des facilités. “Rosa (The Night You Left)” évoque Bolaño et son roman 2666, mêlant guitare acoustique et voix brumeuse pour une ballade déchirante.
Le morceau final, “Longyear”, est une montée folk-rock lumineuse, où les guitares s’enflamment et la voix devient incantatoire. L’album tout entier semble animé par une quête : celle de dire l’indicible, de fixer l’éphémère.
Longyear ne cherche pas à plaire, mais à toucher. Et il y parvient, avec une sincérité rare et une beauté discrète. Un disque à écouter comme on contemple un paysage : sans hâte, avec le cœur grand ouvert.

