Dans la jungle souvent aseptisée de la pop actuelle, il arrive qu’un souffle brut vienne secouer les conventions. Ce souffle, c’est Ruthie Craft. Originaire de Seattle mais forgée sur les scènes d’Austin, elle dévoile Deja Vu (Live)—une prise directe, sans filet, captée au cœur du studio Orb. Ici, pas de maquillage sonore : tout est vrai, tout est vivant.
Le morceau, extrait de son nouvel EP Sound of Blue, plonge dans cette étrange sensation d’avoir déjà vécu l’instant, comme un écho du passé qui refuse de se taire. Ruthie Craft ne chante pas, elle raconte. Elle frissonne, elle vacille, elle tient bon. Sa voix n’est pas seulement puissante : elle est imprégnée de vécu, sculptée par les failles, les désirs et les regrets. On pense à Fiona Apple ou à Florence Welch, mais chez Ruthie, le lyrisme cinématographique rencontre une urgence soul, viscérale.
Ce « Deja Vu » est un cri retenu, une tension qui suinte entre les silences. En l’écoutant, on a l’impression d’être assis au fond d’une salle obscure, témoin d’un moment suspendu. Ce n’est pas une performance, c’est une confession. Une seule prise, parce qu’une deuxième aurait tout affaibli.
Avec Sound of Blue, Ruthie Craft ne cherche pas à plaire. Elle cherche à dire. Et ce qu’elle dit résonne bien au-delà des enceintes.