Certains albums ne demandent pas l’écoute : ils l’imposent. Ragnarök in Berlin, dernier opus du groupe allemand Nordstahl, bouscule, déroute et fascine. Une plongée sans concession dans un univers où mythologie scandinave et dérive contemporaine s’affrontent sur fond de métal industriel abrasif.
L’introduction, « Midgards Schlaf », pose les bases : rythmique militaire, couplets sombres, refrain puissant où la voix se tend, presque incantatoire. C’est une montée en tension qui laisse entrevoir les fondations du chaos à venir. Le morceau-titre, « Ragnarök in Berlin », vient ensuite asséner ses riffs tranchants et ses percussions métalliques dans une ambiance berlinoise typique – brute, directe, sans détour.
Puis surgit « Mjölnir », véritable déflagration sonore : guitares saturées, batterie offensive, intensité maîtrisée. Le metal dans sa forme la plus viscérale. « Lokis Lügen » intrigue par sa structure : alternances de calme menaçant et de flambées rythmiques. Enfin, « Friggs Falscher Trost » conclut l’album sur une note poignante, portée par une voix féminine pleine de maîtrise et d’émotion.
À travers ces compositions, Nordstahl transpose les figures mythologiques en métaphores acérées : Thor incarne le courage muselé, Loki le relativisme rampant, Midgard le sommeil collectif face aux flammes du réel. Les textes, exclusivement en allemand, refusent tout répit, et affrontent la complaisance ambiante.
Plus qu’un album, Ragnarök in Berlin est un appel au réveil. Une œuvre qui, sous ses couches métalliques, exhorte à choisir : entre inertie et sursaut, entre déni et lucidité. Une claque sonore et philosophique.