Il est des morceaux qui ne demandent ni refrains accrocheurs ni beats tapageurs pour faire l’effet d’un uppercut. “Hated father”, dévoilé par Mati sur son premier album Some Can Relate, est de ceux-là. Un titre brut, tendu, profondément humain, qui trouve sa puissance dans ce qu’il ne cherche pas à enjoliver.
Ici, Mati ne joue pas les confesseurs ni les redresseurs de torts. Il raconte. Il endosse la peau d’un père désorienté, tiraillé entre responsabilité et rancœur, essayant de rester debout au milieu de ses contradictions. Les mots tombent comme des confessions nocturnes, des pensées qu’on n’ose pas dire à voix haute. Ce père-là n’est pas un héros, ni un salaud. Il est juste… humain.
Loin des clichés de la figure paternelle stoïque ou absente, Mati dessine un homme en lutte contre ses propres silences, ses maladresses, ses ratés. Ce n’est pas une complainte, c’est un témoignage. Et ce témoignage, livré avec une voix posée mais chargée d’émotion, fait mouche.
Sur le plan musical, le titre oscille entre minimalisme sonore et tension palpable. Un fond de R&B flirte avec des éléments hip-hop, mais toujours au service de la narration. Mati ne se laisse jamais déborder par l’instrumental : il maîtrise l’espace, comme pour mieux laisser respirer ses mots.
Et dans un monde où le mot “père” est souvent figé dans des rôles rigides, ce titre vient craqueler l’armure, ouvrir les fenêtres, laisser entrer un peu d’air.