God of the Dead n’est pas un disque qu’on effleure. C’est une plongée. Dès les premières secondes, Rosetta West pose le décor : un blues halluciné, traversé de grondements électriques et d’élans mystiques. Le groupe d’Illinois, fidèle à sa démarche indépendante, poursuit ici son exploration des marges, là où le rock devient langage rituel.
“Boneyard Blues” ouvre le bal avec une tension brute. La batterie tape comme un cœur en alerte, les guitares raclent les parois d’un paysage brûlé. Joseph Demagore, à la voix rauque et chargée, y installe un climat quasi cérémonial. On n’écoute pas ce morceau, on y entre comme dans un caveau sacré.
“Underground” prend le relai avec des allures de western psychédélique. On y retrouve cette pâte sonore chère à Rosetta West : un mélange de folk poussiéreux et de rêveries électriques, porté par une batterie nonchalante et des guitares qui ondulent au loin.
La suite bascule dans un registre plus dépouillé avec “I Don’t Care”. Voix nue, guitare acoustique effleurée, tout sonne vrai, sincère. Une forme de résignation douce s’en dégage, presque tendre. On sent que Joseph chante ici pour lui-même, sans artifice.
“Town Of Tomorrow” explore une autre veine : plus rythmée, mais toujours traversée par une forme de mélancolie souterraine. La basse d’Orpheus Jones y bat doucement, comme une mémoire en boucle. Puis “Dead Of Night” invite au silence. Piano fragile, chant murmurant, ambiance nocturne et suspendue : on touche à l’os.
“Midnight”, avec la basse fluide de Louis Constant, revient vers un rock plus planant, flirtant avec le psychédélisme sans jamais s’y noyer. Chaque note semble flotter, portée par une lumière trouble.
Le morceau-titre, “God of the Dead”, referme cette traversée. Habité, où chaque instrument rugit comme un écho du passé. Rosetta West signe ici une œuvre libre, indomptée, qui se vit plus qu’elle ne s’explique. Un projet à l’ancienne, taillé pour les âmes curieuses — celles qui tendent l’oreille au-delà du bruit.
