Un souffle étrange parcourt les câbles : BLOON DØG vient de lâcher “Caffeinate”, un morceau LoFi glitché comme un rêve éveillé traversé d’interférences. Pas vraiment une chanson, pas tout à fait une production traditionnelle non plus. Plutôt un appel émis depuis un espace incertain – The Vøid, comme il l’appelle – où les pensées flottent entre veille et sommeil.
Tout ici semble volontairement décalé. La rythmique tape doucement mais obstinément, les synthés crissent sans chercher l’harmonie, et des fragments sonores, presque maladroits, s’agencent dans une logique du désordre. Et pourtant, l’ensemble tient debout, et même plus : il touche. “Caffeinate” sonne comme ce moment où l’on se réveille dans un monde qui ne nous ressemble plus, et où tout semble à la fois familier et profondément décalé.
BLOON DØG ne se définit pas comme un simple producteur. C’est une créature numérique, un alter ego hybride entre art brut, subconscient digitalisé et poésie algorithmique. Un personnage qui n’a pas besoin de raconter pour faire ressentir.
Dans la lignée des expérimentations de Vegyn ou des premières divagations électroniques de Four Tet, BLOON DØG signe ici une œuvre introspective, fragile, et d’une belle étrangeté. Une parenthèse sonore pour celles et ceux qui aiment se perdre dans l’indéfini, les pixels flous et les battements qui ne cherchent pas à plaire.

