Avec God of the Dead, Rosetta West signe un album fleuve, viscéral et habité. Le groupe de l’Illinois, mené par le multi-instrumentiste Joseph Demagore, s’affranchit des formats classiques pour livrer une œuvre généreuse, radicale, presque rituelle. Là où leur précédent opus Gravity Sessions optait pour la brièveté, ce nouveau chapitre s’autorise la lente combustion, l’écart, l’inattendu.
Dès Boneyard Blues, l’auditeur est happé par une tension brute : batterie percussive, guitares abrasives, atmosphère quasi cérémonielle. Puis vient Underground, western psychédélique aux textures poussiéreuses. I Don’t Care, à l’inverse, se fait dépouillée, voix nue sur guitare sèche. Le voyage continue avec My Life, où les riffs laissent résonner une douleur contenue, avant que Summertime n’installe un duo intimiste, presque chuchoté, entre voix et guitare acoustique.
À la basse, Orpheus Jones imprime une cadence profonde et répétitive, comme un battement de cœur souterrain. La batterie alterne entre Mike Weaver et Nathan Q. Scratch, donnant à chaque morceau une impulsion particulière. Quelques invités viennent ponctuer ce disque dense : Louis Constant sur le délicat Midnight, Caden Cratch sur le frontal Boneyard Blues.
À l’arrivée, God of the Dead ne se contente pas de brasser les genres : il bâtit un langage propre, où blues rock, punk, folk et spiritualité s’entrelacent dans un chaos maîtrisé. Une œuvre exigeante, à la marge, mais d’une richesse rare. Rosetta West ne cherche pas à plaire — seulement à brûler juste.