Certains morceaux ne cherchent pas le clinquant : ils murmurent, s’installent doucement et finissent par vous hanter. Love Came Home To Stay, la nouvelle chanson de Lee Miller Matsos, fait précisément cela. Une voix nue, un piano dépouillé, et ce quelque chose d’indicible qui transforme la douleur en beauté.
Né de l’isolement et du deuil, ce titre est loin d’être une simple ballade mélancolique. C’est une traversée intérieure. Écrit au début de la pandémie, dans un monde figé, Matsos y revient sur la perte de sa mère en 2016, sans pathos ni fioriture. Il y a dans ses mots une retenue, une pudeur presque sacrée : « Si je peux supporter toute cette douleur, peut-être qu’un jour je pourrai aider quelqu’un à se relever. » C’est simple, mais bouleversant.
On devine les racines lyriques de l’artiste – entre opéra et théâtre – mais ici, tout est contenu. Pas de grand crescendo, pas de démonstration vocale. Juste une vérité chantée à voix basse, comme on parle à soi-même dans l’obscurité. Le morceau évoque autant le dépouillement des ballades de Paul Simon que l’émotion suspendue d’un titre de Coldplay ou de The Corrs.
À l’heure où la musique cherche souvent à frapper fort, Matsos choisit de toucher juste. Love Came Home To Stay ne crie rien. Il reste. Et c’est précisément pour ça qu’on s’en souvient.