Il arrive parfois qu’une chanson surgisse comme un miroir tendu à l’industrie qui l’a enfantée. Avec Grand Scheme, Anderson Rocio signe bien plus qu’un nouveau single : elle déploie une fresque théâtrale qui dénonce les mécanismes d’un système dont elle connaît les coulisses depuis une décennie.
Dans un univers visuel inspiré du vaudeville, la vidéo convoque l’excès et le faste pour mieux en révéler les fissures. Les artistes y transpirent sous les projecteurs tandis que les décideurs s’abandonnent à leurs excès, jusqu’à ce que le spectacle se délite dans un chaos scintillant. Rocio, au cœur de cette mise en scène, pose une question simple mais radicale : à qui appartient réellement la créativité ?
Sa voix, claire et déterminée, trace un sillon qui ne se contente pas de raconter : elle revendique. Grand Scheme devient un appel à la souveraineté artistique, un refus d’obéir aux règles édictées par des structures qui exploitent plus qu’elles ne nourrissent.
Cette rébellion s’incarne aussi dans un geste concret : la naissance de Riverine Records, label indépendant pensé comme un espace de transparence et d’éducation, où l’artiste reprend la main sur son œuvre. Rocio ne se contente pas de chanter la liberté, elle la bâtit.
Avec Grand Scheme, l’artiste américaine transforme la scène en tribune. Plus qu’un single, c’est une déclaration, un manifeste en musique qui rappelle qu’« sans l’art, il n’y a pas d’industrie, mais sans l’industrie, l’art continuera toujours d’exister ».