Avec « Liberal Anthem« , Transgalactica déploie un titre qui dépasse le simple cadre musical pour flirter avec la déclaration d’intention. Troisième extrait de leur album Better Angels, la chanson s’ouvre sur un riff de guitare tranchant, solide comme une marche de protestation, avant de se transformer en fresque progressive où se glissent des échos inattendus – certains y entendent Marillion, d’autres perçoivent la filiation d’un chant polonais du XVIᵉ siècle.
Le morceau se distingue par son architecture audacieuse : il progresse dans une tension mineure avant de basculer vers une tonalité majeure, comme une promesse de clarté. Ce retournement, qui revisite le premier couplet sous une lumière nouvelle, confère à l’ensemble une ampleur presque solennelle. L’influence du Velvet Underground affleure dans la mélodie, en particulier dans la réminiscence d’All Tomorrow’s Parties.
Mais c’est le texte qui impose une dimension singulière. En invoquant l’idée d’une « Église de John Stuart Smith », Transgalactica joue avec le paradoxe : il s’agit moins de fonder un culte que de rappeler la force des valeurs libérales – humanisme, droits humains, recherche du bien-être universel. Une inspiration directement puisée dans Enlightenment Now de Steven Pinker, qui constatait l’absence de tels rituels pour glorifier les penseurs libéraux.
Résultat : un hymne hybride, à la fois rugueux et grandiose, qui assume son ambition intellectuelle sans sacrifier l’énergie brute du rock. Avec « Liberal Anthem », Transgalactica offre un morceau qui sonne comme un souffle, à mi-chemin entre engagement politique et quête d’élévation musicale.