Neo Brightwell frappe fort avec An American Reckoning, un album qui se lit comme un journal intime d’une Amérique à la fois brisée et résiliente. Installé à Philadelphie, l’artiste transforme sa voix et sa guitare en instruments de confession, mêlant folk, alt‑country et rock américain avec une précision poétique. Ce disque élargit son univers Moonshine Disco, ce mélange singulier de rudesse sudiste, de gospel queer et de récit mythique.
Dès les premiers mesures de cet album, le ton est donné. « The Joke’s on the Devil » ouvre le bal avec une guitare sèche et une voix dépouillée, presque prophétique, dans l’ironie d’un croyant désabusé. Comme nous, vous êtes embarqués, éblouis par la qualité des mélodies, de la délicatesse est des arrangements dépouillés. Parmi les titres à signaler, « The Silence Broke Its Spine » a aussi retenu notre attention avec ce dépouillement où chaque note semble peser de douleur retenue : la guitare trace des lignes fragiles, que la voix traverse comme des cicatrices ouvertes.
Avec « Don’t Call It Mercy », la folk devient cinématographique, poussiéreuse, presque funèbre. « No Applause, Just Fire » refuse le spectacle : le feu est intérieur, contenu, porté par une tension palpable et sans artifices. Enfin, « The Church I Built from Fire » élève la voix dans une reconstruction mystique : la guitare se fait autel, la voix offrande.
Neo Brightwell avec ses treize belles pauses musicales ne cherchent pas la séduction facile. Il témoigne, trace des stèles sonores dans le bois et le souffle. An American Reckoning s’impose comme une liturgie folk moderne, où l’Amérique se regarde sans fard, entre cendres et rédemption, avec une intensité rare qui ne s’oublie pas.

