Dans un souffle sombre et magnétique, Exzenya installe une nouvelle frontière de l’électro‑pop avec « Ugly When You Love Me », flirtant avec l’ombre où l’amour se mue en désillusion. Dès l’intro, un battement synthétique précis ouvre le tunnel : les couplets se succèdent, froids, épurés, comme des flashs de vérité sous néons. L’artiste y explore le revers glacial du désir — l’emprise camouflée, le sourire tendre qui dissimule la manipulation.
Le contraste entre une production chirurgicale et une voix chargée d’émotion saisit. Chaque syllabe se pose avec retenue, puis s’élance dans une tension palpable. Les lignes instrumentales s’entrelacent, sculptant un paysage sonore qui approche le cinéma. Le mélange d’ombre et de lumière, de pulsation froide et de vulnérabilité brute, évoque une thérapie tardive vécue en public.
Le texte, quant à lui, ne cherche pas à émouvoir par les artifices : il désarme. « Je pensais que tu étais innocent, mais tu portais ta cruauté en sous‑main », pourrait se résumer cette confession muette. L’amour, ce miroir où l’on veut se voir beau, se révèle ici imparfait, parfois même laid. Ce souci de dévoiler ce qui ne se voit pas — l’angoisse, la dépendance, la manipulation — fait de l’œuvre un témoignage sans fard.
En bref, « Ugly When You Love Me » s’impose comme un moment de pop éclairée : loin des refrains formatés, Exzenya offre un récit visuel et sonore, hybride, à la croisée de la noirceur et de la grâce. Une pièce froide, peut‑être, mais chargée d’authenticité — là où aimer ne rend pas toujours beau.

