Avec Cathedrals Beneath the Black Mountain, D. West s’éloigne des paysages familiers de sa guitare pour plonger dans une obscurité habitée. Cet album, né dans les hauteurs de Denver, semble avoir été enregistré au creux d’une montagne, là où chaque corde pincée résonne comme un écho ancien. Plus introspectif que ses précédents travaux, il révèle un musicien qui ne joue plus simplement des notes, mais sculpte le silence entre elles.
Le voyage s’ouvre sur Dance of the Cathedral Flames, un morceau à la fois solennel et mouvant, traversé de motifs médiévaux et de dissonances modernes. La douceur y côtoie la tension, comme si la lumière tentait de percer à travers la pierre. Sur New Dystopia, D. West expérimente un accordage singulier (DAEEAC) qui crée une sensation d’équilibre fragile : chaque reprise sonne différemment, chaque tremblement de corde devient une micro-improvisation.
Au cœur du disque, la pièce-titre agit comme un pivot émotionnel. Inspirée par Robbie Basho, elle étire le temps, mêlant ferveur spirituelle et mélancolie contenue. Puis viennent les surprises : l’énergie brute de The Path to the Black Lodge, la clarté inattendue de Blue Spider II, et enfin The Transpacific International Causeway, qui s’achève sur une ouverture, comme une traversée vers un ailleurs imaginaire.
Entre folk expérimental et ambient contemplatif, D. West tisse ici une œuvre patiente, presque rituelle. Cathedrals Beneath the Black Mountain n’est pas seulement un album : c’est une chambre d’écho pour l’âme, un espace où la guitare devient prière et la montagne, témoin silencieux.

