Dans la constellation des projets indépendants qui bousculent les codes, Vampire Liver Therapy trace une voie singulière avec « Running on Wires », un album qui semble respirer par ses propres failles. Derrière ce nom fascinant se trouve José Miguel Cumsille, musicien de Santiago qui compose dans l’intimité d’un home studio, avec cette urgence brute qui donne aux œuvres un battement presque vivant.
Dès les premières pulsations de « Kill Configurator », on comprend qu’il ne s’agit pas d’un disque pensé pour simplement accompagner le quotidien. C’est une plongée dans un théâtre de machines et de murmures, une traversée où les émotions se distordent comme si l’humanité glissait lentement sous le silicone. Cumsille y sculpte un paysage sonore gothique et industriel, traversé d’éclats électroniques qui semblent crépiter sous la peau.
« Nowhere Fast » prolonge cette atmosphère en suspension, un morceau qui avance comme un souffle court, à la frontière entre la peur et la fascination. On y perçoit les influences revendiquées de Bowie, de Christian Death ou encore de Nine Inch Nails, mais réassemblées avec une sensibilité introspective qui appartient pleinement à l’artiste. L’ensemble dégage une proximité presque tactile, comme si chaque choix, chaque texture sonore, portait la trace du studio domestique où l’album a pris forme.
Après « Don’t Even… Real », Cumsille poursuit ici son exploration des solitudes modernes, des attachements artificiels et de ces fractures qui se creusent entre le réel et ce que l’on projette. « Running on Wires » n’est pas seulement un album : c’est une marche nocturne le long d’un fil tendu entre chair et circuits, une invitation à écouter ce qui palpite dans l’ombre.

