Treize ans après une pause quasi mystique, le groupe indie-rock d’Atlanta Last Relapse signe un retour aussi mesuré qu’émotionnel avec un EP de cinq titres, donnant vie à des chansons inachevées qui le hantaient depuis son absence.
L’ouverture, « Everyone Dances Outside of Their Bodies », installe d’emblée un climat d’introspection suspendue. La voix flotte au-dessus d’un tapis de guitares vaporeuses et d’une rythmique battante — un sentiment de gravité pourtant porté par l’air. Terminer ce morceau après tant d’années, c’est fermer un chapitre que le groupe ne savait pas encore ouvert.
Avec « Hey Girl », Last Relapse glisse vers une énergie plus solaire, une pop-indie dansante mais bordée d’effets surprenants : percussions tourbillonnantes, guitares répondant les unes aux autres, comme si le temps se dilatait. Dans cette pièce, le groupe joue avec l’espace, ouvrant des trappes invisibles sous nos pieds.
Le titre « Rats in a Cage » contraste fortement : basse massive, guitares rugueuses et pure énergie rock. Ici, pas de fioritures psychédéliques – Last Relapse revendique un rock viscéral, presque primal, jouant sur la tension brute.
Puis vient « In My Place », une ballade mélancolique et poreuse, où les voix paraissent à la fois fragiles et infinies. L’émotion est nue, presque intime, comme si le groupe déposait ses blessures sur la table.
L’EP se conclut par « Solfeggio Dream », la pièce la plus expérimentale : cloches, guitares, chœurs éthérés s’entrelacent pour créer un paysage sonore lumineux et mystérieux. Le groupe mêle lourdeur et légèreté, chaos et harmonie, dans une dernière note suspendue.
Au-delà du simple come-back, cet EP est une déclaration : Last Relapse boucle la boucle, libère des fragments du passé et entame un nouveau voyage. Ce retour triomphe non pas en ressuscitant l’ancien, mais en le transformant – embrassant espoirs, regrets et maturité retrouvée.

