Certains albums s’imposent comme des révélations discrètes, des œuvres qui semblent nous frôler avant même la première écoute. In the Shadow of Time, deuxième chapitre de l’aventure Shyfrin Alliance, appartient à cette catégorie. Eduard Shyfrin, auteur primé, scientifique et voix basse singulière, y poursuit une quête artistique qui mêle blues-rock ample et réflexion métaphysique.
Ce nouvel opus ne cherche pas à reproduire le succès de Upside Down Blues : il le dépasse, en étirant les frontières entre musique et pensée. Avec sept titres enregistrés à Paris aux côtés de musiciens français chevronnés, Shyfrin explore le temps sous toutes ses formes : ce qui nous échappe, ce qui nous façonne, ce qui guérit.
Le single Buddha Blues ouvre la marche avec douceur. Ses guitares claires, son piano et son chœur gospel composent une énergie lumineuse, presque consolatrice. Tout y rappelle l’idée que le temps, parfois, apaise ce que l’on peine à nommer. À l’inverse, le morceau-titre s’aventure vers une zone plus sombre : tambours lourds, basse profonde, voix habitée. Shyfrin y dépeint le temps comme une présence abstraite et insaisissable, un être sans forme qui agit sur nous comme une ombre persistante.
L’album puise dans les recherches de Shyfrin autour de la Kabbale et de la physique quantique, mais ne verse jamais dans la démonstration. La musique reste le fil conducteur, charnelle, vibrante, ancrée. In the Shadow of Time s’écoute comme une traversée intérieure : un projet qui interroge, élève et invite à repenser notre rapport au mystère du temps.

