Quand le duo américain Exceptional Failures, originaire de Portland (Oregon), balance « Givin’ It All Away », on sent immédiatement qu’il ne s’agit pas d’un simple titre rock parmi d’autres : c’est une confession. Extrait de leur album Jungle in My Head, ce morceau véhicule toute la tension d’un cœur qui craque, prêt à tout donner.
La production sonne DIY — ce qui est un choix conscient chez eux : guitares rugueuses, batterie insistante, rien de lissé. Cette texture brute est typique de leur approche expérimentale, et sur ce titre plus que sur d’autres, elle sert parfaitement l’émotion. La voix de Corey Distler paraît à vif : quand il chante « giving it all away », on n’a pas l’impression d’entendre un refrain, mais plutôt un pacte, une offrande.
L’interplay entre la guitare et la batterie est frappant : la rythmique martèle, la guitare monte en crête, tout converge vers un point d’explosion. Et quand viennent les chœurs — signés Ned et Wendy — ils apportent une chaleur inattendue, presque un écho de consolations dans ce tumulte émotionnel. Le contraste fonctionne : la violence instrumentale met en relief la douceur vocale, et cela rend chaque mot plus lourd de sens.
Sur le plan lyrique, « Givin’ It All Away » joue sur le déséquilibre entre abandon et libération. Donner tout, c’est se délester, mais c’est aussi risquer de se retrouver vide. Le duo semble danser sur cette ligne fragile. Le morceau ne dure pas plus de quatre minutes, mais dans ce laps de temps, il tisse une tension dramatique qui ne retombe pas.
Au-delà d’un simple titre rock alternatif, cette chanson est un moment d’authenticité. Exceptional Failures prouve que, même sans millions de dollars ou des arrangements luxuriants, on peut émouvoir profondément. Givin’ It All Away reste dans la tête – non pas comme un tube formaté, mais comme une impression tenace, presque une cicatrice sonore.

