Avec 21 grammi, Giuseppe Cucè livre un album qui ressemble moins à une simple collection de chansons qu’à une traversée intérieure. L’auteur et interprète sicilien y explore ce qu’il appelle « le poids invisible » que chacun porte en soi : souvenirs, désirs, illusions perdues et renaissances douloureuses. Dès les premières notes, une évidence s’impose : l’artiste ne chante pas pour plaire, il chante pour survivre. Et c’est précisément cette nécessité qui donne à l’album sa force magnétique.
Guidé par la production ciselée de Riccardo Samperi, Cucè construit un univers sonore où se mêlent l’écriture italienne classique et les textures modernes de l’indie-pop. Loin des artifices, les arrangements respirent, laissent passer l’air, l’écho, les silences. 21 grammi est un disque qui ose ralentir, creuser, regarder au-dedans.
Au cœur du projet, « Ventuno » se déploie comme un battement intime, hésitant entre fragilité et ascension. C’est ici que l’album trouve sa tension principale : l’entre-deux du corps et de l’âme, de ce que l’on perd et de ce que l’on devient. À l’inverse, « Una notte infinita » emprunte le chemin de la confession nocturne, portée par une sobriété instrumentale qui laisse la voix se poser comme une confidence à peine murmurée.
Si 21 grammi marque autant, c’est parce qu’il refuse de détourner le regard. Il embrasse les questions sans réponse, les fractures intérieures et les renaissances silencieuses. C’est un album-boussole : il ne dit pas où aller, mais il éclaire ce qui pèse — ces vingt-et-un grammes d’âme qui nous accompagnent, qu’on le veuille ou non.

