Avec A Mass in the Water, son premier album, Wholes signe une œuvre d’une intensité rare, presque liturgique, où l’électricité des guitares côtoie la fragilité d’une confession. Le projet, porté par Wolf Vanwymeersch et façonné avec des membres d’Elefant, Pink Room, Sophia, Hypochristmutreefuzz et kolektiv, avance comme une procession nocturne : pesante, hypnotique, profondément humaine.
Dès les premières secondes de « Holes », le ton est donné. Les riffs grondent comme un orage intérieur, tandis que la voix, à la fois ferme et tremblée, ouvre une brèche dans laquelle se déversent les émotions encore brutes. Au cœur du disque se trouve une blessure intime : la perte du père de Wolf, disparu lors d’un épisode psychotique. Plutôt qu’un simple hommage, l’album devient une messe profane où se croisent textes retrouvés, cris étouffés et murmures de réconciliation.
Musicalement, Wholes oscille entre poids stoner, tensions industrielles et respirations incantatoires. Certains passages évoquent la rugosité de Queens of the Stone Age, d’autres les ombres plus électroniques de Nine Inch Nails. « Poids Lourd » avance comme un bloc de magma sonore, tandis que « Urge to Do Better » pulse dans une transe presque chamanique. Puis survient « Till We Don’t Meet Again », suspendu entre mélancolie et lumière.
Le final, « What Is Worse Than Murder », long de neuf minutes, agit comme une véritable catharsis : tout s’y effondre et tout s’y reconstruit, dans un souffle qui mêle rage, compassion et résilience.
En moins d’une heure, Wholes livre un album organique, viscéral, qui ne cherche jamais la complaisance. A Mass in the Water est moins un disque qu’un rituel : la tentative puissante de transformer le deuil en partage sonore, où brutalité et délicatesse s’embrassent sans s’excuser.

