Dès les premières mesures d’“AggenAnonAggen Pt.2”, on sent qu’on entre dans un espace à part. Le Neil C. Young Trio, habituellement ancré dans une esthétique électrique et jazz fusion, délaisse ici les amplis pour une exploration tout en retenue, profondément acoustique. Une respiration, presque un murmure, comme si chaque note cherchait à suspendre le temps.
La pièce, écrite à l’origine pour une commande instrumentale folk, semble avoir dépassé sa fonction première. Portée par un rythme en trois temps à la lenteur volontaire, elle s’imprègne d’une mélancolie douce, presque spirituelle. Neil C. Young y laisse transparaître un regard tourné vers l’intérieur, nourri par ses réflexions personnelles sur les pertes, les joies simples, les souvenirs qu’on garde en silence.
Il y a quelque chose d’intimement sincère dans cette composition. Les guitares respirent, les silences deviennent parlants. La voix discrète de Katie Smethurst s’invite sans jamais dominer, ajoutant une touche pastorale à cette fresque minimaliste. Enregistrée entre les collines de Cumbria et Manchester, la pièce garde cette dimension organique du fait-maison, loin des productions trop lisses.
“AggenAnonAggen Pt.2” n’est pas une performance, c’est une confidence. Le genre de morceau qu’on écoute seul, le soir, quand les mots ne suffisent plus. Un instant suspendu qui montre, sans forcer, que Neil C. Young a encore des choses à dire. Et qu’il sait, surtout, comment les faire ressentir.