Dans Electric Friends, Energy Whores poursuit son travail d’orfèvre électro-art, mais avec une sobriété presque troublante. Le duo new-yorkais s’aventure dans une méditation lente, une sorte de confession mise en musique, où la proximité numérique révèle surtout un isolement tenace. Dès les premières pulsations, on perçoit cette tension douce-amère : un battement hypnotique qui semble nous attirer pour mieux dévoiler l’envers du décor.
La production, construite patiemment à partir de couches de synthés, de claviers et de percussions électroniques, crée un espace sonore qui respire. Rien n’y est forcé : tout avance par petites vagues, comme un fil de pensée qui se déroule. Cette lenteur assumée permet à la chanson de s’installer, de faire remonter ce malaise discret que l’on connaît tous, celui d’une conversation numérique où l’on se sent paradoxalement seul.
Le groupe parle d’une exploration « malicieuse » de la façon dont la technologie module nos liens. Et l’idée frappe juste : Electric Friends observe la vie numérisée avec une distance lucide, presque tendre, comme si Energy Whores nous rappelait que les écrans délivrent de la chaleur… mais pas toujours de la présence. Quand l’électricité s’éteint, les illusions se dissipent, et il ne reste que ce que l’on avait oublié de regarder en face.
Dans cette chronique émotionnelle à peine voilée, Energy Whores confirme une sensibilité rare : celle de transformer les failles modernes en matière artistique. Electric Friends ne cherche pas le choc, mais l’éveil. Et dans sa lente combustion, il laisse une lueur persistante, douce et un peu grave, sur ce que signifie réellement « être connecté » aujourd’hui.

