Avec Anemoia, Andrea Zacchia signe un album qui invite à un voyage intime et musical. Le guitariste italien s’entoure ici d’un trio Hammond où résonnent les harmonies riches de Pietro Caroleo à l’orgue et la finesse rythmique de Maurizio De Angelis à la batterie. Ensemble, ils façonnent un univers sonore à la fois aérien et profond, où jazz modal et post-bop s’entremêlent avec naturel.
L’album tire son nom d’un sentiment rare : celui de la nostalgie pour un temps que l’on n’a jamais vécu, ce flottement entre réel et imaginaire. Zacchia le décrit comme la bande-son de souvenirs éthérés — un coucher de soleil aperçu au milieu des herbes, une brise légère qui surprend ou encore des sessions d’adolescence à jouer du rock dans une vieille grange. Ces images se traduisent dans des morceaux aux couleurs variées, de la douceur feutrée de Reveries aux élans nerveux d’Oleo, hommage vibrant à Sonny Rollins.
On se laisse également porter par la chaleur groovy de Full House, clin d’œil à Wes Montgomery, ou par la délicatesse crépusculaire d’Abendrot. Le trio explore avec aisance des ambiances différentes, alternant entre intensité et introspection. La guitare de Zacchia, tantôt lyrique, tantôt incisive, dialogue constamment avec l’orgue Hammond, tandis que la batterie souligne chaque transition avec une finesse toute musicale.
Au fil de l’écoute, Anemoia s’impose comme une expérience sensible, presque cinématographique, où chaque note raconte une histoire. Un album qui s’écoute avec attention, pour se laisser emporter par ce subtil équilibre entre technique et émotion. Andrea Zacchia confirme avec cette œuvre sa capacité à créer un jazz moderne, authentique et poétique.
