Chronique d’un murmure folk où l’histoire croise l’héritage personnel. Avec “Katharina”, Art Schop livre une ballade acoustique à fleur de peau, douce comme un souvenir qu’on n’ose toucher, puissante comme un silence qui en dit long. Portée par une guitare discrète mais précise, la voix de l’artiste new-yorkais s’installe sans heurt, feutrée, enveloppante, dans la lignée des figures comme Bonnie ‘Prince’ Billy, Smog ou Silver Jews.
Sous ses allures de chronique historique – la chanson évoque Katharina Kepler, mère du célèbre astronome, accusée de sorcellerie au XVIIe siècle – “Katharina” est en réalité un miroir. Art Schop y projette son propre récit familial : celui d’un grand-père soldat, disparu sans laisser de traces après que sa femme, la grand-mère du chanteur, eut été victime d’un accident médical. Une ligne résonne comme un fil rouge : “He was a soldier of fortune, left as the evening fell.” Elle fait le lien entre deux abandons, deux destins, deux douleurs.
Cette superposition des récits, entre mémoire familiale et drame historique, donne à la chanson une dimension presque cinématographique. La sobriété de l’arrangement acoustique – une guitare folk, une voix posée – laisse respirer les mots. On est loin de l’émotion facile : ici, tout est retenue, subtilité, évocation. Le morceau devient un écrin pour les fantômes, les figures absentes, les héritages invisibles.
Plus qu’un simple titre, “Katharina” est une conversation intime entre les siècles. Une chanson qui ne cherche pas l’esbroufe, mais qui installe, note après note, une atmosphère où le rationnel flirte avec le mystique, où la mémoire devient matière à chanson. Une pièce rare, à écouter les yeux fermés, dans le calme d’un soir suspendu.
Merci beaucoup!
Je suis Art Schop, et ce morceau est une belle description de ce que j’essaie d’accomplir avec mon travail. Je serai ravi de partager davantage de musique dans les semaines à venir.
Art