Derrière Teika & The Raw Beat, il y a Mateja Kert, autrice-compositrice autrichienne bercée entre l’Irlande et l’Allemagne, qui signe avec Bones’n’Stones un premier album aussi audacieux qu’introspectif. Douze titres comme autant de fragments émotionnels, sculptés dans une matière musicale dense, organique et humaine.
L’entrée en matière est fracassante : « Bones’n’Stones » s’impose d’emblée comme un sommet, balançant une instrumentation vive et terrienne, des couplets au ton maîtrisé, avant d’éclater en un refrain redoutablement efficace. Cette ouverture donne la couleur du projet : une ballade nerveuse et poétique, qui convoque à la fois l’intime et le grandiose.
Avec « The Garden », la formation berlinoise montre une autre facette, flirtant avec l’emo rock et l’alternatif. La voix rauque et expressive de Teika s’y déploie avec un naturel désarmant, parfois fragile, parfois féroce. Elle se fait conteuse moderne, guidant l’auditeur dans un jardin d’harmonies troubles et de textures cinématographiques.
Plus loin, « Ragged Plumes » vient surprendre, sombre et inventif, rappelant le Bowie des années noires. On y sent une liberté de ton rare, une esthétique soignée jusque dans la dissonance. Et puis il y a « Angel At My Door », perle aérienne qui évoque les nuances mélancoliques d’une Lykke Li. Tout y est délicatement équilibré, entre montées vocales sensibles et instrumentation vaporeuse.
Porté par une production soutenue par l’Initiative Musik, Bones’n’Stones est un disque de contraste, de reliefs et de résonance. Une œuvre d’auteur, vibrante, qui murmure autant qu’elle rugit.